Résumé : Des sept héros de sa fameuse série de biographies composant " Le rêve le plus long de l'Histoire ", sans doute Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) est-il, avec Alexandre le Grand, celui qui a le plus fasciné Benoist-Méchin. Déjà considéré à son époque comme un personnage extraordinaire, Frédéric II, couronné empereur à Rome en 1220, était avant tout un Normand de cette Sicile dont, tout enfant, il avait reçu le royaume en héritage. Songeant au premier chef à affirmer sa puissance en Italie, il s'attira la vindicte constante des papes, vindicte nourrie de surcroît par son attirance pour l'Islam. D'une immense culture, parlant plusieurs langues, favorisant les arts et les sciences, s'adonnant lui-même aux lettres, réunissant à Palerme, sa résidence favorite, des savants juifs, musulmans et chrétiens, il était incontestablement porté vers un syncrétisme religieux. Alors que depuis quarante ans, trois croisades avaient tenté vainement de reprendre Jérusalem, Frédéric s'y fit couronner roi en 1229, sans combat, en traitant à prix d'or avec les infidèles, au grand scandale de Rome qui alla jusqu'à interdire le Saint-Sépulcre aux chrétiens ! Frédéric II avait cru à la prédiction de Geoffroy de Viterbe, selon laquelle " il serait le sauveur tant attendu, le monarque du monde, celui qui réunirait entre ses mains l'Orient et l'Occident ". Mais deux fois excommunié par le Pape Grégoire IX, celui que des contemporains appelèrent l'Antéchrist, il se condamna définitivement en marchant sur Rome (1241). Innocent IV le fit déposer lors du concile de Lyon (1244) et le Saint-Siège ne cessa d'excommunier le rêve de Frédéric au-delà de sa mort, en combattant, voire en persécutant jusqu'à leur extinction ceux qui portaient son sang.